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Le bien-être des enfants en métropole

Gideon Boie


02/07/2017, A+

Image: Filip Dujardin

BUROBILL et ZAMPONE offrent une perspective à la densification à Bruxelles, en intégrant la crèche Nieuw Kinderland sur deux étages hors-sol.

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Le lieu d’implantation de cette crèche est le complexe scolaire de Nieuwland, dans le quartier densément peuplé de Querelle près de la gare du Midi. C’est une constellation typiquement bruxelloise comprenant plusieurs écoles, établies l’une au-dessus de l’autre et/ou imbriquées l’une dans l’autre. L’école élémentaire Sint-Joris, le Zaveldal (enseignement secondaire spécial), la Hoofdstedelijke Academie voor muziek, woord en dans et l’Institut francophone Dominique Pire partagent la même infrastructure.

L’idée était d’étendre le complexe pour en faire une Ecole au sens large, un concept de coordination de programmes extrascolaires. L’asbl Kinderdagverblijf Lutgardisschool Elsene prévoyait un établissement de 45 places. La capacité a été augmentée à 68 places grâce à l’intervention de la Vlaamse Gemeenschapscommissie (VGC ) – propriétaire du complexe scolaire.

De là, est né le défi d’insérer la crèche au sein du complexe scolaire, tout en répondant aux normes strictes en matière d’hygiène, d’entretien et de sécurité – une cour de récréation extérieure figurant parmi les obligations. Le point de départ, ce fut l’intégration de cette crèche de 1.407 m² sur deux étages non reliés. C’est l’espace réduit que les Soeurs Annonciades d’Heverlee ont reçu en bail emphytéotique de la VGC.

Burobill et Zampone ont proposé des solutions novatrices sur trois plans. Tout d’abord, nous voyons comment une façade unidimensionnelle acquiert une profondeur territoriale. Une rampe d’accès flottante longe la façade extérieure et mène directement l’usager vers le portail d’entrée à l’étage situé en contrehaut. L’espace extérieur obligatoire a été conçu comme une terrasse en surplomb en façade – ce qui fait en même temps de la terrasse un auvent pour l’entrée et la cour de récréation. C’est uniquement au départ du hall d’entrée qu’un escalier en colimaçon mène aux groupes de vie du second étage. La rampe comporte un prolongement qui, dans le futur, offrira un accès à d’autres parties du bâtiment. L’entrée directe le long de la façade évite le recours à l’ascenseur traditionnel et aux cages d’escalier et couloirs.

Ensuite, il y a l’extension de l’enveloppe construite au deuxième étage. Avec la terrasse en surplomb, on gagne de l’espace supplémentaire au sol, en dehors du volume existant. Cela donne naissance à un océan d’espace ouvert autour du noyau fermé des locaux de soin et dortoirs. À la place de l’habituel couloir d’école, on opte pour une répartition libre de l’espace avec des parois vitrées coulissantes. La façade fermée est remplacée par une façade en verre qui donne sur la terrasse extérieure. Grâce à cela, la crèche bénéficie de deux vues sur le paysage urbain – avec d’un côté la cour de récréation néerlandophone et de l’autre la francophone.

Enfin, il y a l’excitant aménagement de la crèche. Les architectes ont collaboré étroitement avec l’artiste plasticien Benoît. Ce qui frappe surtout, ce sont les motifs ludiques du sol dallé en céramique qui suggèrent des liaisons entre l’intérieur et l’extérieur. Le mobilier fixe et libre, qui adopte lui aussi diverses couleurs (en contraste avec la paix des dortoirs). Ou les illustrations exubérantes sur le verre très présent. L’intégration artistique montre que les exigences en matière d’hygiène, d’entretien et de sécurité ne sont pas nécessairement des entraves à la qualité mais constituent au contraire un point de rencontre pour une plus-value architecturale.

Prise dans son ensemble, la formule de Nieuw Kinderland est un cas unique. Les bambins, à quatre pattes ou non, jouent dans une sorte de pavillon avec terrasse au deuxième étage, en plein coeur de Bruxelles. La direction a trouvé que la lumière, l’air et la vue tout azymuth étaient des éléments importants, parce que beaucoup d’enfants vivent dans des appartements de taille réduite, sans jardin ni perspective. Le rêve moderniste d’une architecture qui fournit une contribution directe au bien-être de ses usagers, s’avère ainsi plein de vitalité et totalement actuel.

Publié dans A+ 260, pp. 32-33

Tags: Brussels, Care, Français

Categories: Architecture

Type: Article

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